Réussir son désherbage mécanique

Il arrive souvent que les résultats publiés soient mauvais en termes d’efficacité ou remis en question dans les conclusion d’études, pour des problèmes de mise en place des protocoles. Le désherbage mécanique est une technique complexe MAIS PAS COMPLIQUEE ! Elle demande de l’intérêt et de l’attention.

En respectant les quelques conseils ci-dessous, vous pourrez obtenir des résultats satisfaisants à un prix nettement inférieur à du désherbage chimique, mais ces conditions sont INDISPENSABLES !

Les principales techniques de désherbage mécanique en curatif, une fois la culture mise en place sont :

  • le passage de herse
  • le passage de houe
  • le binage
  • le buttage

IL EST TRES IMPORTANT lors des passages d’outils de :

  • travailler sur un sol ressuyé : cela évitera les mottes de terre, qui pourraient arracher la culture et rester collées aux adventices arrachées ce qui leur permettrait de reprendre
  • intervenir en conditions séchantes : les adventices doivent sécher le plus rapidement possible après que leurs racines aien été sectionnées ou arrachées
  • veiller à ce qu’il ne pleuve pas la journée qui suit l’intervention (les deux jours qui suivent, si les conditions ne sont pas très séchantes)
  • diagnostiquer le stade des adventices : intervenir sur des adventices au stade filament / fil blanc dans l’idéal avec la herse et la houe et sur des adventices qui ont idéalement moins de quatre feuilles avec la bineuse (bien qu’efficace sur des adventices plus développées, cela n’est pas conseillé)
  • bien régler son matériel : la profondeur et l’agressivité des outils est primordiale pour détruire les mauvaises herbes sans abimer la culture
  • pour le binage : avoir une bineuse de la même largeur que son semoir Il est préférable de repasser dans les traces du semoir, et quasi-INDISPENSABLE lorsque l’on dispose du guidage (pas nécessairement dans le même sens, même si cela serait l’idéal)

Certaines autres démarches peuvent optimiser le désherbage mécanique :

Avant le semis :

  • réaliser des faux semis : les passages de herse nivèlent le sol et favorisent la levée des mauvaises herbes qui seront détruites par la suite avant l’implantation de la culture

Lors du semis :

  • semer avec un « retard » de 10 à 15 jours : les levées d’adventices et de la culture seront décalées, il sera plus facile d’intervenir
  • augmenter la densité de semis d’environ 10 % : cela suffira à compenser les pertes éventuelles dues aux passages d’outils
  • étudier sa profondeur de semis par rapport au désherbage mécanique : en semant 1 à 2 cm plus profond on pourra ainsi décaler la levée de la culture de quelques jours (ce qui permettra de passer un premier outil à l’aveugle) et l’outil pourra travailler au dessus du semis (profondeur de travail d’environ 3 cm : travailler plus profond n’est pas nécessairement utile, cela peut générer l’évaporation de l’eau et la remontée de graines d’adventices)
  • rouler sa ligne de semis : avec la roue plombeuse (solution idéale), la culture sera mieux implantée que les mauvaises herbes, ce qui permettra d’augmenter la sélectivité des outils (capacité à différencier la culture et les mauvaises herbes) (Cela peut permettre de passer à une vitesse un peu plus élevée par exemple sans craindre de risque supplémentaire pour la culture)
  • il est également possible d’adapter les variétés utilisées : variétés plus couvrantes, plus concurrentielles …
  • prendre en compte la largeur du semoir : il faudra par la suite adapter les passages de bineuse aux passages de semoir

Après les passages d’outils :

  • observer l’efficacité sur la parcelle quelques jours après les passages ainsi qu’à la fin de la campagne : adapter les actions à mener lors des futurs passages et des campagnes suivantes.

QUE FAIRE TOUT AU LONG DE L’ANNEE POUR DIMINUER LA PRESSION EN ADVENTICES ?

Plusieurs paramètres peuvent être contrôlés de manière préventive, ne les négligez pas :

La rotation des cultures :

Par exemple, les rotations longues permettent de perturber le cycle des adventices.

Le travail du sol :

Le travail du sol tient également un rôle important dans la lutte contre les mauvaises herbes. Chaque opération effectuée sur le sol a ses propres avantages. Le faux semis peut réduire le nombre de mauvaises herbes de près de 70 %, le déchaumage réduit de 85 % les rhumex et de 90 % les chardons.

La condition
du sol :

Il est également important de maîtriser le stock semencier et la population microbienne. Ces deux éléments conditionnent les levées d’adventices.

La gestion des semences :

Les semences d’adventices ne se trouvent malheureusement pas que dans le sol. Il arrive également que la semence que vous achetez contienne des graines de mauvaises herbes. Une semence « propre » permet de ne pas contaminer la parcelle inutilement.

La conduite des semis :

D’autres paramètres agronomiques favorisent la lutte contre les mauvaises herbes. La date et la profondeur du semis par exemple. Il est notamment préférable de repousser le semis de 10 ou 15 jours afin de désynchroniser levée d’adventices et levée de la culture en place.

Le choix des variétés :

Au sujet de la culture elle-même, des recherches sont effectuées dans le but de développer des variétés plus couvrantes et donc plus concurrentielles des mauvaises herbes, certaines variétés sont déjà plus adaptées que d’autres.

Prévention :

Attention aux parcelles attenantes ! Il peut être utile de prendre en compte les parcelles à proximité de vos cultures ainsi que les jachères dont le stock d’adventices peut contaminer les alentours.

Connaissance des adventices :

Il est important de connaitre la nuisibilité et le cycle de développement des mauvaises herbes afin de mieux les maîtriser.

Gestion de
l’inter-culture :

Pensez aux cultures dérobées et aux faux semis qui agissent significativement sur la pression en adventices.

Historique :

Ne négligez pas les événements anciens sur la parcelle. Culture précédente, désherbage raté etc., sont autant de facteurs à prendre en compte dans la gestion du système.

Fertilisation :

Il faut veiller à fertiliser la culture en fonction des adventices. Il est préférable de nourrir sur le long terme. Les périodes d’apport peuvent influencer le développement des mauvaises herbes et leur impact sur la culture.

C’est l’association des différentes techniques qui va permettre d’obtenir et de maintenir des parcelles propres.

Les pratiques ci-dessus permettent bien souvent d’optimiser le désherbage mécanique dont il est question.

Pour plus d’informations, renseignez-vous auprès des établissement d’agriculture biologique et / ou des chambres d’agriculture.

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